• Hadashi no GenLa deuxième guerre mondiale est une période qui nous a été rabâché des dizaines de fois à l'école bien que toujours survolé et vue par les occidentaux. J'ai longtemps cru que le Japon impérialiste avait seulement attaqué les Etats Unis, qu' ils avaient refusé de capituler et que les Américains avaient finit par être obligé de bombarder deux villes japonaise : Hiroshima et Nagasaki (j'étais bien naïve en effet). Quand on citait cette partie en cour c'était toujours accompagné du fameux "c'est horrible, la bombe atomique c'est pas bien" puis on passait à la suite sans avoir vraiment parlé de ce pays au final, après tout qu'est ce que le Japon Impérialiste à part le pays qui s'attaquait sans morale aux Etats Unis, qui a colonisé la Corée et la Chine avec cruauté (sachant qu'il faut attendre la terminale pour que ce sujet soit abordé), et qui en plus de ça a refusé de capituler sans condition quand la guerre était perdu ? Je crois que finalement, comme pour toute les guerres, la grande perdante restera toujours la population, parce qu'on parle bien ici de la plus grande puissance mondiale qui a bombardé sans scrupule deux grandes villes remplies de personnes comme vous et moi qui n'attendais que la fin de la guerre en tentant de survivre tant bien que mal. Personnellement je m'étais imaginé rapidement l'effet de la bombe nucléaire mais cela restait tellement peu concret dans mon esprit, tellement lointain et inimaginable au final. Mais il était temps que je me remette à l'heure et que je me confronte à la réalité, et c'est ce film d'animation qui s'en est chargé.

    Gen d'Hiroshima, ou Hadashi no Gen, est à l'origine un manga de Keiji Nakazawa publié de 1973 à 1985, il est d'ailleurs le premier manga à avoir été publié en France (bien que cela fut un échec en premier lieu). C'est un récit semi-autobiographique dans le sens où l'auteur c'est basé sur son histoire. Un premier film d'animation est réalisé en 1983 par le studio Madhouse et... je ne sais pas vraiment en vérité, j'ai beau avoir le DVD chez moi aucun réalisateur n'est cité même dans les crédits, je suppose que le film était supervisé par Keiji Nakazawa. Un deuxième film sort en 1986 et adapte la suite du manga, d'ailleurs je tiens à dire que je n'ai pas lu le manga et que je n'ai pas vue le deuxième film, je traiterais donc uniquement du film en tant qu'oeuvre indépendante.

     

    Bien que ne durant qu'une heure trente le film est très bien rythmée, il se divise d'ailleurs en trois partie : les temps heureux, le cauchemar atomique puis la survie. L'histoire débute au printemps 1945 où l'on suit le quotidien de la famille Nakaoka composé de Gen, de sa grande soeur, son petit frère, son père, sa mère et son futur petit frère/petite sœur. Bien qu'heureux les Nakaoka doivent faire face à la pauvreté et à la famine dans une ville qui semble mystérieusement épargné par le bombardement américain. La nourriture est d'ailleurs la préoccupation la plus importante de Gen et de son petit frère, on les verra notamment partir en quête pour trouver du poisson pour leur mère qui est enceinte. Cette partie est très importante, à travers ce bonheur mélancolique ce met en place les relations des personnages, l'importance de la famille pour Gen, ce qui permettra une déconstruction encore plus poignante par la suite.

    Arrive en suite le 6 aout 1945, on y verra tout l'impact de la bombe, les premiers morts... je pense que c'est cette partie qui m'a le plus choqué, ce n'est pas une scène qu'on oublie facilement, tout est traité avec une violence très crue, le film n'a pas peur de montrer des cadavres, des personnes qui fondent, cette partie est un concentrée d'horreur. On passe relativement rapidement à la partie sur la survie, basé sur le courage et la nécessité de se reconstruire après un drame, Gen repart alors en quête de nourriture pour sa mère et le bébé. C'est dans cette partie qu'est dépeint en profondeur les effets secondaires de la bombe atomique, notamment les effets des radiations, car c'est bien là que se dresse tout l'horreur : cette bombe n'a pas fait que les 100 000 morts de l'impact, mais continua à faire des morts à travers divers cancers et leucémies. Un passage est aussi dédié au rejet social des victimes de la bombe (les hibakusha) symbolisant la défaite de l'Empire du Japon, mélangé à une méconnaissance des maladies que la population pensait contagieuse. La narration est d'ailleurs coupé plusieurs fois par une voix off donnant quelques explications ce qui donne un cachet de documentaire historique très intéressant, et instaure une ambiance assez particulière. La dernière partie est un mélange d'anxiogène mais aussi de mélancolie contrairement à la deuxième partie, la fin du film est aussi particulièrement poignante.

    Si j'avais un reproche à faire au film ce serait le traitement de la politique, qui justement n'est que très peu abordé. On apprend seulement au début du film que le père est pacifiste et est opposé à la politique impérial mais cela ne semble pas avoir tant d'impact que ça (alors que ces familles étaient persécutés) et est très survolé. Au final le film ne c'est focalisé que sur l'horreur de la bombe, et ça se comprend en une heure trente c'est très compliqué de s’étaler en plus sur la politique impérialiste japonaise et la politique américaine, mais si ils avaient pu ajouter une demie heure en plus sur ce sujet ça aurait été d'autant plus intéressant.

    Je ne vais pas mentir, graphiquement je n'attendais pas grand chose, à vrai dire je pensais voir un film très vieillis principalement dans les tons gris/marron et... j'étais très loin de la réalité, visuellement c'est une vrai merveille. Il est vrai que les design des personnages font assez vieux puisque ce style n'est plus vraiment utilisé de nos jours, mais je trouve que justement ça imprègne plus de l'époque (imaginez ce film avec les graphismes tout lisse actuel, quelle horreur...). Pour ce qui est des couleurs c'est vraiment super, ce qui est vachement intéressant c'est qu'on a une évolution des tons : on commence le film avec des tons froids mais une atmosphère chatoyante, puis on passe subitement à des tons chaud avec une atmosphère dangereuse, et enfin à des tons plus mornes (dans les gris marron justement), et cela appuie parfaitement le propos. D'ailleurs les fonds sont particulièrement magnifiques et marquants, je pense que ça se voit dans les quelques screen que j'ai ajouté à l'article. Enfin pour ce qui est de la partie de la bombe c'est très gore et crue, attendez vous à voir de l'horreur, de la vraie, la souffrance de la population est alors pleinement exploité et instaure une sorte de malaise, vécu à travers les yeux de Gen, de voir tant de gens mourir lentement sous l'effet des radiations. En terme d'accompagnement musicale j'ai particulièrement accroché au partie chanté mais toute la bande son est vraiment très approprié au film, je n'ai pas grand chose à ajouter.

     

    Gen d'Hiroshima est un film à voir absolument, qu'on s'intéresse ou non à l'histoire. C'est un long métrage qui nous fait prendre conscience de l’horreur de la bombe atomique vécu par les premières victimes chose qui est, je trouve, trop peu présente dans la conscience occidental. Surtout ne soyez pas rebuté par la vieillesse du film ça ne dérange en aucun cas le visionnage, au contraire. Il est possible que vous soyez le type de personne à être facilement choqué et peut être pensez vous que ce film n'est pas fait pour vous, cependant je vous conseil aussi ce film, je pense que refuser de se confronter à la réalité est plus mauvais que bon mais ce n'est que mon avis (par contre ne montrer pas ce film à un enfant il en va de soit) et ce film peut vous apporter de bonne chose. J'espère que j'ai réussis à vous donner envie de voir ce film, n'hésitez pas à me dire votre avis en commentaire si vous l'avez déjà vue, bonne journée et bon visionnage !

     


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